Le papier des lampes d’Isamu Noguchi révèle la beauté humble d’un savoir-faire japonais ancestral. En hommage au papier washi, YMER&MALTA ourdit le lin français pour tramer des feuilles végétales aux veines uniques, comme celles d’un minéral.
Sur les rivages de Bonifacio, s’élèvent de hautes falaises lumineuses, baignées de soleil et d’eau miroitante. À ceux qui s’en approchent, des découpes se révèlent pourtant : des strates, par endroit ciselées, ont ailleurs été polies par le temps. Cette masse minérale imposante surplombe avec une gracieuse légèreté les récifs céruléens de la Corse.
En brossant les contours de Belle de Jour, YMER&MALTA invoquait à la fois le souvenir suave de l’île latine et celui intimiste des lampes Akari d’Isamu Noguchi – et ce, toujours à la discrétion des savoir-faire français.
Innover : les feuilles végétales de lin français
Le souvenir bleuté des champs de lin éveilla l’envie d’un hommage au papier washi, via les routes de la Normandie. Si les kanji désignent le papier shi comme harmonieux, paisible et japonais – trois homonymes, wa – alors le lin français avait tout le potentiel d’une ambition qu’il ne soupçonnait pas. Pour pallier au mûrier, une nouvelle étoffe de lin durci est développé au sein du studio YMER&MALTA ; elle trame des feuilles formant à la fois l’âme de la lampe et son diffuseur. Ce lin innovant s’accapare ainsi le rôle du washi et celui du bambou comme structure constitutive des lanternes japonaises.
Au regard attentif, le washi japonais velouté dévoile un paysage végétal veiné de fibres de mûrier. À la surface du lin, ce sont des trames ondoyantes, comme de fins coraux épousant le mouvement de la houle. Superposées dans un équilibre parfait, les nappes de coutil sculptent la Belle de jour, une forme douce, un paysage lumineux que son volume modèle d’ombres. Une toute autre personnalité se révèle à ceux qui s’en approchent. Comme les falaises corses, Belle de Jour recèle des secrets : la lumière dissimule sous une apparente solidité une accumulation délicate et dentelée de fines strates d’étoffe pétrifiée. Belle de jour joue la dualité. De jour comme de nuit, comme les belles Akari faites de washi.
De Belle de Jour à Belle de Nuit, du lin au biscuit
Belle de Jour exigea une année de croquis, une année d’esquisses et de maquettes, jusqu’à parvenir à la forme parfaite. Ensuite, la designer Océane Delain façonna un prototype de la lampe à échelle réduite, pour s’assurer de ses proportions avant que les premières pièces ne soient produites. Surgit alors de cette maquette un petit galet, doux et charmant, un petit caillou de rien du tout que Valérie Maltaverne, à la tête du studio, a immédiatement envie d’emporter partout.
Ainsi naquit Belle de Nuit. Préquel fragile, cette petite lampe n’est faite ni de papier de lin, ni de washi ; elle est toute en biscuit. Pour YMER&MALTA, l’occasion était trop belle d’ériger un pont entre tradition et modernité. Deux moules prennent l’empreinte des petites maquettes imprimées en 3D. L’un est lissé, l’autre est épargné et conserve les strates du passage répétée de l’impression. La Belle de Nuit de porcelaine est dès lors disponible en deux versions. Cette petite lampe nomade fait ainsi poétiquement écho au lin lorsqu’elle se drape de stries et au papier washi lorsque sa surface est polie.
Comme les lampes Akari qui les ont inspirées, les Belle de jour sont déclinées en lampadaires et appliques. En lampes nomades, elles flânent en compagnie des Belles de nuit, suivant fidèlement leur propriétaire, comme une présence douce et rassurante à la nuit tombée.
Révélées au Musée Noguchi de New York à l’occasion de l’exposition Akari Unfolded, ces créations incarnent la continuité patiente du dialogue entre les arts, la lente perfection du geste et de la matière jusqu’à la véritable concrétisation du luxe.
Explorer les traditions japonaises pour révéler les savoir-faire français, diffuser une lumière doucement sculptée en magnifiant les aspérités, c’est atteindre l’équilibre en explorant les contraires. Les lampes Belle de jour et Belle de nuit, d’étoffe ou de biscuit, explorent les émanations de la lumière. Sculptures diurnes ou paysages nocturnes, chacune d’elles est l’unique empreinte de la lumière sur la matière, l’unique empreinte de la main sur les savoir-faire.
